Parc national suisse.
Balade avec le gardien du parc
Une tiède journée de septembre, en plein cœur du rut des cerfs, dans le parc national suisse. Partout, les cerfs tentent de s'attirer les faveurs des femelles. Un spectacle qui attire de nombreux spectateurs. Aujourd’hui, Fadri Bott attend de nombreux visiteurs. Le gardien du parc national suisse est actuellement dans le val Mingèr, une vallée sauvage de parc national, située dans la Basse et Haute-Engadine et dans le val Müstair. Dans le forêts, les premières nuances dorées scintillent et les prairies alpines pâlissent. Les signes avant-coureurs de l’hiver. Bientôt, la neige fera son entrée, et la nature du parc s’offrira une pause hivernale des près de 120’000 visiteurs qui foulent les 100 kilomètres du réseau de randonnée en été et en automne.
Un rêve d’enfance qui se réalise
Normalement, Fadri Bott se trouve plus souvent de l’autre côté du parc, dans la région de l'Ofenpass, sa patrie. C’est là-bas, à Valchava, à la frontière avec le nord de l’Italie, où ce quinquagénaire est né et a grandi, qu’il a commencé très tôt son travail en tant que gardien du parc. «Dès l'école maternelle, je savais que je voulais travailler dans le parc national», raconte-t-il. À 22 ans, il devient le plus jeune gardien du parc national suisse, et depuis 2011, il est à la tête de l'équipe des huit gardiens du parc. Son rêve d’enfant s’est réalisé.
Fadri Bott et ses collègues ont derrière eux un été bien chargé. Près de 13 heures par jour, les gardiens sont présents dans le parc aux heures de pointe. La saison commence en mai avec les travaux de maintenance: les balisages des sentiers et des limites sont renouvelés et les ponts reconstruits suite aux traces laissées par la neige, et notamment par les avalanches. À la mi-juillet, les gardiens installent avec l'aide de stagiaires, 150 pièges photographiques dans la région de l’Ofenpass, qu’ils récupèreront avant l'arrivée de l’hiver. À pied, bien entendu. Certains animaux sont équipés de balises GPS. Cerfs élaphes, chamois, bouquetins, renards: tous sont marqués par les gardiens.
Une affaire de gardiens
Les gardes du parc national suisse existent depuis sa création en 1914. À l’origine, ils jouaient un rôle de gardes-frontières, et assuraient l’ordre et le droit. De nos jours, ce sont plus des artisans qui exercent le métier de gardiens du parc national. En discutant avec Fadri Bott, on arrête vite de fantasmer sur l’image romantique très répandue du gardien qui passe sa journée à observer les animaux. Sa mission est bien plus variée. Les huit gardiens employés à l'année surveillent les animaux sauvages et les plantes, entretiennent l’infrastructure du parc national et sont les interlocuteurs des visiteurs. Leur soutien est de plus en plus important pour la recherche. Chaque année, près de 70 projets de recherche scientifique documentent et étudient les procédés naturels et les mutations du parc national.
Les yeux dans les yeux avec les animaux
Dans le val Mingèr idyllique, le sifflement des marmottes s’est mêlé au chant des cerfs. Le concert des animaux. Sur le versant opposé, sur le col de Sur il Foss, situé à 2 317 mètres d'altitude, de nombreux cerfs tentent avec ferveur de s'attirer les faveurs des femelles. Même après 30 ans en tant que gardien, le rut des cerfs reste pour Fadri Bott une expérience unique. Gypaètes barbus, bouquetins, chamois, loups et ours: ils les a tous vus. Pourtant, il est toujours ému lorsqu’il aperçoit, début juillet, les premiers petits des marmottes. Une fois, il a vu une maman prendre ses adorables petits rongeurs par la nuque et les mettre à l'abri dans sa cachette. «Tout simplement impressionnant», déclare-t-il.
Hiberner comme les marmottes
Un autre spectacle de la nature se prépare en octobre, quand les mélèzes se parent d’une jolie teinte dorée. C’est le dernier éclat avant l’hiver. Ensuite, le monde animal commence à hiberner. Tout comme les gardiens. «En hiver, on fait les marmottes: on fait le plein d’énergie pour affronter l'été bien chargé et on s’occupe des tâches administratives et de l'atelier. Pour le comptage, l’observation de la faune et les travaux de surveillance, on doit toutefois mettre le pied dehors en hiver, parfois avec une température de moins 30 degrés Celsius», explique Fadri Bott. Mais nous ne sommes pour l’instant qu'au mois de septembre. Une tiède journée d'automne. Les premiers visiteurs atteignent le plateau du col Sur il Foss, et observent les cerfs chanter. Fadri Bott installe son télescope. Pour leur plus grand bonheur, les visiteurs peuvent jeter un œil à travers la lentille et admirer ce spectacle passionnant au pied du Piz Mingèr. Fadri Bott n’est pas seulement un gardien. Il est également hôte.
Le saviez-vous?
Le parc national suisse, avec une superficie de 170 kilomètres carrés, est le plus grand espace naturel de Suisse. Ce territoire hautement protégé, d’Engadine/du Val Müstair, comprend un terrain alpin situé entre 1 400 et 3 200 mètres d'altitude. La création du parc national suisse en 1914 fut un événement marquant de l’histoire de la protection de la nature. C’est le premier parc national des Alpes et d’Europe centrale. Il est réputé pour la richesse de ses animaux et plantes alpins dans une nature presque intacte.